Histoire de la tribu des Ghomara - 4 - Les Ghomara avant l'arrivée de l'Islam


Les Ghomara avant l'arrivée de l'Islam


                                                                                                 


Introduction :

Je présente la culture et le comportement des Ghomara, en tant que tribu Païenne, avant l’arrivée des Arabes... Certaines attitudes Païennes sont restées inculquées dans leurs comportements jusqu'à quelques siècles après leur conversion à l’Islam.


1 - L'historien El-Bekri :

El-Bekri (1014-1094) est un Historien et Géographe d'Al-Andalus du 11ème Siècle.

1.1 - L’homme au collier :

Parmi les merveilles du pays des Ghomara, nous annonce l’historien El-Bekri, nous pouvons citer celle-ci : 

Collier« Chez les Béni Cheddad, branche des Ou-Halaouat,  il y avait un homme qui portait toujours sur lui un sac rempli de têtes et de dents d’animaux marins et terrestres ; ces objets enfilés par une corde lui servaient de chapelet. Lorsqu’un individu venait le consulter sur un événement futur ou sur un fait déjà arrivé, il passait ce chapelet au cou de cette personne, en guise de collier, puis il le secouait et l’arrachait avec violence. Flairant alors chaque pièce du chapelet successivement, jusqu’à ce que sa main s’arrêtait sur l’une d’elles ; il répondait à la demande du curieux et lui déclarait le sort qui l’attendait : maladie, mort, gain, perte, prospérité, adversité, chagrin et autres choses de cette nature. Il présidait tout et ne se trompait presque jamais ». 

1.2 - Les dormeurs :

Le pays des Ghomara offre un phénomène extraordinaire, nous annonce l’historien El-Bekri : 

Voici les cousins dormeurs : attention ! pas bien de dormir trop...« 
Des hommes appelés Er-Reggada, c'est-à-dire, les dormeurs ; on les trouve sur les bords de la rivière Laou, chez les Béni Saïd, Les Béni Catiten et les Béni Irouten. L’un ou l’autre de ses hommes-là tombe dans une somnolence qui dure pendant 2 ou 3 jours et il y reste sans se remuer et sans s’éveiller, quand bien même on lui ferait souffrir les douleurs les plus vives ou qu’on le couperait par morceaux. Sorti de son évanouissement le lendemain du 3ème jour, il a l’air d’un homme ivre et pendant le reste de cette journée, il demeure tout hébété, sans s’apercevoir de ce qui se passe autour de lui. Le jour suivant, il prédit ce qui doit arriver cette année là : Récoltes abondantes, disette, guerre et autres choses remarquables. Ceci est un fait qui se passe au vu et au su de tout le monde ».

1.3 - Le petit homme au teint jaune :

L’historien El-Bekri, nous annonce : 

« Plusieurs personnes m’ont assuré avoir rencontré, au port de Badis, un petit homme au teint jaune qui jouissait d’une grande considération dans cette localité, parce que disait-on, il avait le pouvoir de faire jaillir de l’eau hors de la terre, même dans les localités où l’on n’avait jamais connu ni source ni puits :  Il n’avait qu’à flairer l’air d’un endroit pour pouvoir annoncer la proximité ou l’éloignement de l’eau ».

1.4 - Le jour du mariage :

L’historien El-Bekri, nous annonce, chez les Ghomara :

Photo : Mariage Marocain«  Au moment où l’homme qui vient d’épouser une fille vierge se dispose à consommer son mariage,  les jeunes gens de la localité enlèvent la mariée à la dérobée et la retiennent loin de son époux, pendant un mois ou même d’avantage ; ensuite ils la lui ramènent. Il n’est pas rare que la même femme soit enlevée plusieurs fois de suite ; ce qui lui arrive surtout quand elle se distingue par sa beauté. Plus on la recherche de cette façon, plus elle en est heureuse ».


Il continue :

« … Tout ce peuple est d’une beauté remarquable, les hommes laissent croître leurs cheveux, à l’instar des femmes. Ils en font des tresses dont ils s’entortillent la tête après les avoir parfumées ».


1.5 - L'accueil chez les Ghomara :

El-Bekri continu :

« … Ils accueillent avec empressement les hommes qui se distinguent par les agréments de leur figure et par leur bravoure… ».



2 - Le Géographe Al-Idrissi :

Al-Idrissi (1099-1166) est un grand Géographe et Botaniste du 12ème Siècle... il a réalisé la Géographie Universelle pour Roger II, le Roi Normand de la Sicile.

2.1 - Introduction : 

Géographie Universelle - Al Idrissi

Al-Idrissi n'a pas été très tendre envers les Ghomara, d'abord parce qu'ils n'ont pas réussi à changer assez rapidement leurs mœurs et leurs habitudes Païennes, ensuite et surtout parce qu’il  hérite des rébellions anciennes une hostilité globale pour les Berbères, nous informent Henri Bresc et Annliese Nef, et plus particulièrement pour les Ghumara : Après avoir été longtemps fidèles aux Idrissides, ils ont tué son arrière-grand-père, Idris Ibn Yahya Ibn Idris Al-Sami.


2.2 - Le Pays des Ghumara, une chaîne de Montagnes :

« Le Pays des Ghumara (Ghomara) est un Pays de Montagnes dont la succession est ininterrompue, couvert d’arbres, un peu comme une jungle. Il s’étend sur un espace que l’on parcourt en trois jours environ. Il confine au midi avec les montagnes appelées Al-Kawakib (les étoiles), qui sont également habitées et très fertiles. Elles s’étendent sur un espace d’environ quatre jours de marche vers l’intérieur, jusqu’auprès de Fès. Ces Montagnes étaient autrefois habitées par les Ghumara jusqu’à ce que Dieu en ait purgé la terre, les ait tous anéantis et ait ruiné leurs demeures à cause de l’abondance de leurs crimes, de leur peu de foi, de leur insolence, de leur entêtement à considérer l’adultère comme un acte licite, de leur éternelle filouterie, de leur habitude du meurtre qui est illicite aux yeux de Dieu quand il est contraire à la justice. C’est le châtiment de Dieu pour les méchants ».

2.3 - La ville de Badis au Nord-Est du Maroc :

« Badis est une ville qui a tous les attributs : elle est dotée de marchés et d’artisanats en petit nombre. Les Ghumara viennent y chercher ce qui leur est nécessaire ».


3 – Jean-Léon L’Africain :

3.1 - Introduction :

Jean-Léon L’Africain ou Jean-Léon de Médicis (1488 – 1548) dit Al-Hacène Ibn Mohammed Al-Ouzzane Al-Ziyati, est né à Grenade dans le Royaume des Banu Al-Ahmar en Al-Andalus.

Le livre de Amin Maalouf : "Léon L'Africain"Après 1492, la famille d’Al Hacène Al-Ziyati a émigré à Fès au Maroc. Al-Hacène avait effectué ses études au Maroc et était d’un niveau social assez élevé. Tout jeune, il avait beaucoup voyagé : Tombouctou, Egypte, Constantinople, Tlemcen, Alger, Msila, Tunis, Gafsa, Gabès,… puis à la Mecque

Au retour de son Pèlerinage et au cours de l’escale de Djerba en Tunisie (côté Malte et Sicile) il était capturé par le Corsaire Sicilien Pietro Bovadiglia et emmené en Italie.


Il avait été donné au Pape Léon X Jean de Médicis qui l’avait très bien accueilli et fait baptiser des ses propres mains, et sous ses propres noms Jean et Léon, à Saint Pierre de Rome, le 6 janvier 1520.

Pape X - Jean Léon de Médicis

Ayant appris l’Italien, Léon L’Africain avait composé dans cette langue, un ouvrage de Géographie intitulé «  Description de l’Afrique ».

Ce livre était parvenu à Jean-Baptiste Ramusio qui a réalisé sa première publication au 16ème Siècle, et plus précisément en 1550, à Venise.

Le séjour de Jean-Léon L’Africain en Italie est mal connu : Acheva t-il sa vie à Rome ? ou quitta t-il l’Italie pour se rendre à Tunis, comme il en avait formellement exprimé l’intention ?...


3.2 - Présentation des tribus Berbères en Afrique :

Dans son livre "Description de l'Afrique", Jean- Léon l'Africain nous annonce :

«  Les Africains blancs sont divisés en cinq peuples : Les Senhadja, les Masmouda, les Zénata, les Houara et les Gumera (Ghomara)… Les Gumera (Gomara) habitent les monts de Maurétanie, c'est-à-dire ceux qui bordent la Méditerranée. Ils occupent la côte qui porte le nom de Rif et qui commence aux Colonnes d’Hercule (Détroit de Gibraltar)… ».

3.3 - Les Ghomara (Gumera), les Houara et la langue Arabe :

Léon l'Africain nous informe  :

« A peu près tous les Gumera emploient l’Arabe, mais un Arabe corrompu. Beaucoup de tribus de race Houara parlent aussi l’Arabe corrompu. Cela résulte du fait que ces gens sont depuis longtemps en relations verbales avec les Arabes ». 

Jusqu'à nos jours, l'Arabe parlé dans la rue, dans les pays du Maghreb, est différent de celui employé en Egypte, Syrie, Jordanie,... compte tenu qu'il s'agit d'une langue mélangée "d'Arabo-Hispano-Franco-Berbère".


Page en construction, à suivre...


Références :

* Abou Obeïd El-Bekri, « Description de l’Afrique Septentrionale ».
* Ibn Khaldoun, « L’histoire des Berbères ».
* Al-Idrissi, "La Première Géographie de l’Occident" – Présentation de Henri Bresc et Annliese Nef.
* Jean-Léon L'Africain (Al-Hacène Ibn Mohammed Al-Ouzzane Al-ziyati), "Description de l'Afrique".


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